ALGER INSOLITE
NOTE CONCEPTUELLE
Beya Othmani, Salsabil Kettaf
FR Alger Insolite est pensé comme un atelier de réflexion digital autour des politiques de l’espace et de ses enchevêtrements avec l’image.
Le titre du projet Alger Insolite, fait référence à un film réalisé en 1971 par Mohamed Zinet. Par l'assemblage de poésie, d'images en mouvement et d'une intrigue qui se concentre autour d’Alger-centre, Zinet rend possible par le champ de l’imaginaire l’appropriation physique comme projet. Réalisé pendant la première décennie d'indépendance de l’Algérie, le film active la matérialité historique et le potentiel poétique de la ville nouvellement libérée. L’espace urbain est traité comme une matière archive, un palimpseste sur lequel s’inscrit l’action artistique. Un palimpseste est un parchemin dont on a effacé la première écriture pour pouvoir écrire un nouveau texte. Cet acte politique et visuel est central à la réflexion développée dans ce projet.Prenons par exemple les manifestations du Hirak à Alger au cours des deux dernières années. Les manifestants, dans leur pluralité, se sont réappropriés l'environnement matériel d'Alger-centre et dans ce processus, l'histoire des structures urbaines a fait partie intégrante de leur action. Le quartier d’Alger-centre, lieu de ralliement des manifestants, s'offre ainsi comme un palimpseste contesté sur lequel luttes et contre-luttes pour la visibilité se superposent constamment. L'écriture historique se passe par le biais d'images vernaculaires, de photographies et de vidéos du mouvement de contestation qui dépasse l'espace physique de la ville pour s’étendre dans les domaines de l'imaginaire et de la représentation.
Dans cette optique, Alger Insolite propose des pistes pour penser la relation espace-image en se concentrant spécifiquement sur Alger-centre, ce quartier aux édifices coloniaux, centre névralgique de la capitale. Espace et image sont tous deux des édifices de luttes collectives et individuelles, qui agissent dans le même temps contre l'ellipse temporelle, pour une réappropriation des lieux et de l’Histoire.
En effet, la dialectique espace-image révèle son potentiel dans ces moments historiques comme les premiers instants de l'indépendance de l’Algérie, la décennie noire dans les années 1990 ou plus récemment le Hirak. Que peut nous apprendre l'histoire urbaine de la ville d’Alger sur le rôle des images dans les luttes de pouvoir ? Comment les images peuvent-elles devenir des sites de lutte et de résistance ? Ont-elles le potentiel de reconfigurer les dynamiques de domination ? Comment s’intègrent-elle à la performance collective ? Quelles logiques de visibilité et d’occultation ont été mises en place ? Comment les politiques d’archive de ces images peuvent-elles nous renseigner sur leur fonction ? Comment l'action artistique participe-t-elle à l'écriture historique ? Quel est le rôle du poétique dans ce processus ? Sont autant de questionnements posés en filigrane dans cette réflexion.
Il est impossible de comprendre la dialectique espace-image dans le cas particulier d’Alger-centre, en se tournant vers un seul espace et un seul moment. Revisiter cette histoire dans ses diverses dimensions de rature, d’effacement, de solidification et d’exclusion permettra d’appréhender cette relation espace-image d’une manière plus complète. C’est en posant les deux concepts de l’image et de l’espace parallèlement que l’on espère permettre une expansion du champ significatif des deux concepts simultanément.
Alger Insolite est conçu comme une réflexion ouverte, un forum qui s’articule autour de la pluralité des propositions artistiques et discursives. Nous vous invitons à envoyer vos contributions et commentaires afin d'élargir le champ de réflexion et d'enrichir la liste des références mentionnées ci-dessous.
Alger Insolite est un atelier de réflexion commissionné par Beya Othmani et Salsabil Kettaf.
Ce programme est soutenu par l’Institut Français d’Algerie et l'association Alter’Solidaire.
Il vient s’inscrire dans le programme général IF A TREE FALLS IN A FOREST, commissionné par UNTITLED DUO pour les Rencontres photographiques d’Arles de 2021.
Le titre du projet Alger Insolite, fait référence à un film réalisé en 1971 par Mohamed Zinet. Par l'assemblage de poésie, d'images en mouvement et d'une intrigue qui se concentre autour d’Alger-centre, Zinet rend possible par le champ de l’imaginaire l’appropriation physique comme projet. Réalisé pendant la première décennie d'indépendance de l’Algérie, le film active la matérialité historique et le potentiel poétique de la ville nouvellement libérée. L’espace urbain est traité comme une matière archive, un palimpseste sur lequel s’inscrit l’action artistique. Un palimpseste est un parchemin dont on a effacé la première écriture pour pouvoir écrire un nouveau texte. Cet acte politique et visuel est central à la réflexion développée dans ce projet.Prenons par exemple les manifestations du Hirak à Alger au cours des deux dernières années. Les manifestants, dans leur pluralité, se sont réappropriés l'environnement matériel d'Alger-centre et dans ce processus, l'histoire des structures urbaines a fait partie intégrante de leur action. Le quartier d’Alger-centre, lieu de ralliement des manifestants, s'offre ainsi comme un palimpseste contesté sur lequel luttes et contre-luttes pour la visibilité se superposent constamment. L'écriture historique se passe par le biais d'images vernaculaires, de photographies et de vidéos du mouvement de contestation qui dépasse l'espace physique de la ville pour s’étendre dans les domaines de l'imaginaire et de la représentation.
Dans cette optique, Alger Insolite propose des pistes pour penser la relation espace-image en se concentrant spécifiquement sur Alger-centre, ce quartier aux édifices coloniaux, centre névralgique de la capitale. Espace et image sont tous deux des édifices de luttes collectives et individuelles, qui agissent dans le même temps contre l'ellipse temporelle, pour une réappropriation des lieux et de l’Histoire.
En effet, la dialectique espace-image révèle son potentiel dans ces moments historiques comme les premiers instants de l'indépendance de l’Algérie, la décennie noire dans les années 1990 ou plus récemment le Hirak. Que peut nous apprendre l'histoire urbaine de la ville d’Alger sur le rôle des images dans les luttes de pouvoir ? Comment les images peuvent-elles devenir des sites de lutte et de résistance ? Ont-elles le potentiel de reconfigurer les dynamiques de domination ? Comment s’intègrent-elle à la performance collective ? Quelles logiques de visibilité et d’occultation ont été mises en place ? Comment les politiques d’archive de ces images peuvent-elles nous renseigner sur leur fonction ? Comment l'action artistique participe-t-elle à l'écriture historique ? Quel est le rôle du poétique dans ce processus ? Sont autant de questionnements posés en filigrane dans cette réflexion.
Il est impossible de comprendre la dialectique espace-image dans le cas particulier d’Alger-centre, en se tournant vers un seul espace et un seul moment. Revisiter cette histoire dans ses diverses dimensions de rature, d’effacement, de solidification et d’exclusion permettra d’appréhender cette relation espace-image d’une manière plus complète. C’est en posant les deux concepts de l’image et de l’espace parallèlement que l’on espère permettre une expansion du champ significatif des deux concepts simultanément.
Alger Insolite est conçu comme une réflexion ouverte, un forum qui s’articule autour de la pluralité des propositions artistiques et discursives. Nous vous invitons à envoyer vos contributions et commentaires afin d'élargir le champ de réflexion et d'enrichir la liste des références mentionnées ci-dessous.
Alger Insolite est un atelier de réflexion commissionné par Beya Othmani et Salsabil Kettaf.
Ce programme est soutenu par l’Institut Français d’Algerie et l'association Alter’Solidaire.
Il vient s’inscrire dans le programme général IF A TREE FALLS IN A FOREST, commissionné par UNTITLED DUO pour les Rencontres photographiques d’Arles de 2021.
EN Alger Insolite is thought of as an open reflection around the politics of space and their entanglements with image.
The title of the project Alger Insolite, refers to the movie directed in 1971 by Mohamed Zinet Tahia Ya Didou, Alger Insolite. In his movie, Zinet developed a poetic of spatial appropriation by assembling poetry, moving images and an intrigue which evolved around Algiers-center. With his cinematic work, Zinet approached the project of physical urban appropriation through the realm of the imaginary. Produced during the first decade of Algerian independence, the film activated the historical materiality and poetic potential of the newly liberated city. The urban space then figured as archival matter, a palimpsest on which the artistic action would inscribe itself. A palimpsest is a parchment whose first writing has been erased in order to write a new text. This political and visual act is central to the reflection developed in this project.
Let us take for example the demonstrations of the Hirak in Algiers during the last two years. The protesters, in their plurality, re-appropriated, reconfigured and seized the material environment of Alger-Centre and in this process, the material history of the urban structures acted on their very action.
Alger-Centre offered itself as a contested palimpsest on which struggles and counter-struggles for visibility constantly overwrite themselves. Historical writing happened through vernacular images, photographs and videos of the protest that extended beyond the physical space of Alger-Centre and acted on the imaginary and representational realm as well. One wonders in this context, whether Alger-Centre was not in fact used as the site for the Friday marches in a conscious or unconscious effort to fragment time and space, open up possibilities of different pasts, present and futures and create a model of materialist historiography.
In this perspective, Alger Insolite proposes open threads to speculate on the dialectical relationship between space and image by using specifically the neighbourhood of Algiers-centre as an entry point, and as a space to ground our reflection.
Indeed, the dialectic space-image reveals its potential in historical moments such as the first moments of the Algerian independence, the civil war of the 90s or more recently the Hirak. What can the urban history of Algiers teach us about the role of images in power struggles? How can images become sites of struggle and resistance? Do they hold the potential to reconfigure dynamics of domination? How do artworks and images in general become part of collective performance? What logics of visibility and occultation have been put in place? How can the archival politics of these images inform us about their function? How does artistic action participate in historical writing ? What is the role of the poetic in this process?
It is impossible to understand the space-image dialectic in the particular case of Algiers-Centre, by turning to a single space and a single moment. Revisiting this history in its various dimensions of erasure,solidification and exclusion will allow us to apprehend this space-image relationship in a more complete way. It is by posing the two concepts of image and space in parallel that we hope to expand the understanding of those two concepts.
Alger Insolite is thought of as an open reflection that relies on the plurality of voices of the artistic and discursive propositions. We gladly invite you to send contributions and comments in order to broaden the scope of the questioning and enrich the list of references mentioned below.
Alger Insolite is curated by Beya Othmani and Salsabil Kettaf.
The program is supported by the French Institute of Algeria and the association Alter’Solidaire.
It is part of the general program IF A TREE FALLS IN A FOREST, curated by UNTITLED DUO for the Rencontres photographiques d'Arles 2021.
The title of the project Alger Insolite, refers to the movie directed in 1971 by Mohamed Zinet Tahia Ya Didou, Alger Insolite. In his movie, Zinet developed a poetic of spatial appropriation by assembling poetry, moving images and an intrigue which evolved around Algiers-center. With his cinematic work, Zinet approached the project of physical urban appropriation through the realm of the imaginary. Produced during the first decade of Algerian independence, the film activated the historical materiality and poetic potential of the newly liberated city. The urban space then figured as archival matter, a palimpsest on which the artistic action would inscribe itself. A palimpsest is a parchment whose first writing has been erased in order to write a new text. This political and visual act is central to the reflection developed in this project.
Let us take for example the demonstrations of the Hirak in Algiers during the last two years. The protesters, in their plurality, re-appropriated, reconfigured and seized the material environment of Alger-Centre and in this process, the material history of the urban structures acted on their very action.
Alger-Centre offered itself as a contested palimpsest on which struggles and counter-struggles for visibility constantly overwrite themselves. Historical writing happened through vernacular images, photographs and videos of the protest that extended beyond the physical space of Alger-Centre and acted on the imaginary and representational realm as well. One wonders in this context, whether Alger-Centre was not in fact used as the site for the Friday marches in a conscious or unconscious effort to fragment time and space, open up possibilities of different pasts, present and futures and create a model of materialist historiography.
In this perspective, Alger Insolite proposes open threads to speculate on the dialectical relationship between space and image by using specifically the neighbourhood of Algiers-centre as an entry point, and as a space to ground our reflection.
Indeed, the dialectic space-image reveals its potential in historical moments such as the first moments of the Algerian independence, the civil war of the 90s or more recently the Hirak. What can the urban history of Algiers teach us about the role of images in power struggles? How can images become sites of struggle and resistance? Do they hold the potential to reconfigure dynamics of domination? How do artworks and images in general become part of collective performance? What logics of visibility and occultation have been put in place? How can the archival politics of these images inform us about their function? How does artistic action participate in historical writing ? What is the role of the poetic in this process?
It is impossible to understand the space-image dialectic in the particular case of Algiers-Centre, by turning to a single space and a single moment. Revisiting this history in its various dimensions of erasure,solidification and exclusion will allow us to apprehend this space-image relationship in a more complete way. It is by posing the two concepts of image and space in parallel that we hope to expand the understanding of those two concepts.
Alger Insolite is thought of as an open reflection that relies on the plurality of voices of the artistic and discursive propositions. We gladly invite you to send contributions and comments in order to broaden the scope of the questioning and enrich the list of references mentioned below.
Alger Insolite is curated by Beya Othmani and Salsabil Kettaf.
The program is supported by the French Institute of Algeria and the association Alter’Solidaire.
It is part of the general program IF A TREE FALLS IN A FOREST, curated by UNTITLED DUO for the Rencontres photographiques d'Arles 2021.